Rêver debout

Univers personnel d’une blog-trotteuse. Contact : aurelie[at]reverdebout.com

In The American West août 21, 2008

Filed under: Culture Confiture — reverdebout @ 10:26

Richard Avedon est actuellement exposé au Jeu de Paume à Paris. On y retrouve une sélection de clichés de « In The American West », série clé dans l’itinéraire de l’artiste.

Photographe contemporain connu surtout dans le domaine de la mode, il se définit avant tout comme un portraitiste.
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Pour réaliser In The American West, Richard Avedon sillonne l’Ouest américain de 1979 à 1984. Cette région subit alors une grave récession économique. Il centre son attention sur les ranchs, les mines de charbon, les foires, les abattoirs, les relais routiers, etc. Il réalise ainsi le portrait de sans-abri, d’ouvriers agricoles, de mineurs, de serveuses, coupés du contexte qui est habituellement le leur. Par cette démarche, il fait rentrer les exclus et les défavorisés dans la tradition du portrait, habituellement réservée aux puissants.
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Un papier blanc accroché au flanc d’un camion et la lumière du jour comme simple éclairage servent de supports aux clichés. Le fond blanc épure les compositions : seule demeure l’interprétation clinique, psychologique, de cette créature complexe qu’est un être humain. Il élimine toute interprétation du sujet par rapport à son environnement, il balaye le contexte social. La « surface », les traits, les expressions, les marques, le grain de peau, se suffisent à eux-mêmes pour donner du sens et créer de l’émotion.
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« Un portrait n’est pas une ressemblance. Dès lors qu’une émotion ou qu’un fait est traduit en photo, il cesse d’être un fait pour devenir une opinion. » – R. Avedon
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Sobres, humains, ces portraits grandeur nature d’Américains anonymes sont devenus des références dans l’histoire de la photographie. Ils sont symboliques d’un pays et d’une époque, d’une lutte quotidienne pour la vie et le déclin d’un système de valeurs traditionnellement associées à l’Ouest américain.
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The Richard Avedon Fondation
Exposition « Richard Avedon – Photographies 1946-2004 » jusqu’au 27 septembre au musée du Jeu de Paume

 

Traverses, un ovni dans la bouquinosphère décembre 12, 2007

Filed under: Culture Confiture,toi, moi, ils, elles, nous — reverdebout @ 2:26

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illustration : Eikasiale site d’Eikasia
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En avril 2006, Karen Guillorel entame un périple de 6000 km à pieds puis à vélo, de Paris à Jérusalem. De ce voyage dont elle est sortie marquée est né Traverses, le livre voyageur, alternatif dans sa construction et sa diffusion. Plus qu’un ouvrage, il est une réflexion collective sur toutes les formes de voyage et sur l’échange.
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Retranscription d’un entretien avec Karen Guillorel
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Dans quel état d’esprit es-tu partie à Jérusalem ?
J’avais envie d’en savoir plus sur les pays européens, la Turquie et de pousser jusqu’au Moyen Orient. Je voulais voir de mes yeux ce qui était montré comme si spécial et si explosif à travers les médias, pour ne pas finir par croire que ce ne soit « que » cela.
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Ce voyage a déclenché la mise sur pieds de Traverses. Quel lien entre les deux ?
Ce projet a été pour moi un moyen de surmonter la cascade des chocs culturels vécus pays par pays. Je suis revenue perdue alors que j’étais partie pour savoir. La complexité humaine me rend sans voix. Une rencontre qui peut être bonne sur l’instant peut devenir tout le contraire quelques heures plus tard, la variabilité de l’humain est inquiétante. Ce livre est une façon de surmonter ça. Traverses signifie : allons à l’autre. Quand je le redonne, cela veut dire aussi : j’ai confiance en ta capacité à transmettre.
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photo Lucile Hautele site de Lucile Haute (alias Luh)
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Tes précédents voyages ont déjà fait l’objet d’ouvrages. Raconter, c’est une nécessité ?
Ecrire au jour le jour ne m’intéresse plus. Aujourd’hui, j’ai envie d’utiliser les émotions vécues en voyage : les sentiments de ruptures, les chocs culturels. Les carnets graphiques sont un moyen d’expression mais j’écris aussi beaucoup. Aujourd’hui je construis un film. J’aimerais aussi intégrer les mondes virtuels car ce sont des voyages tout aussi intéressants, d’un autre genre. »
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A peine revenue de ton périple vers Jérusalem, un nouveau projet est en cours, « Don Quichotte », de l’Espagne aux fjords de Norvège. Toujours le goût du voyage donc ?
Je ne suis pas blasée. Le goût des autres est fort. On vit en voyage des moments intenses pour le meilleur ou pour le pire mais la perméabilité est un choix. Et même si je m’y fatigue plus, je choisis d’être perméable.
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Le site perso de Karen Guillorel : www.loindevant.com
Un DVD de son voyage est sorti. Un livre est prévu pour le printemps 2008.

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Traverses, le livre voyageur
Traverses, le livre voyageur, regroupe textes et illustrations de 15 artistes. Il n’est pas vendu mais échangé contre un autre livre ou abandonné pour être trouvé par un prochain lecteur. Un site permet de localiser les ouvrages en circulation. Les auteurs ont parfois investi des disciplines qui ne sont pas la leur : Traverses des métiers. Une seule direction éditoriale : le Voyage, sous toutes ses formes. Traverses comme outil de lien : celui qui le reçoit se l’approprie et peut intervenir sur les pages. Traverses des univers : il est présent physiquement avec quelques milliers d’exemplaires édités et virtuellement grâce au site dédié et sa présence sur Second Life. Tous les participants au projet sont bénévoles. Les impressions ont été possibles grâce à des dons
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EN SAVOIR PLUS …sur Traverses, le livre voyageur
La vidéo dans laquelle Karen Guillorel dit tout…
Le site de Traverses, le livre voyageur
Pour réserver un livre Traverses et participer à sa démarche : transmission@traverses-lelivre.com
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Emmanuel Michel, voyageur habité par le talent septembre 25, 2007

Filed under: Culture Confiture,DIDLAP — reverdebout @ 10:28

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(Echo de l’article sur Gauguin, dans le DIDLAP 2)
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Emmanuel Michel nous refait vivre ses voyages à travers des tableaux (immenses), des croquis, des statues (immenses) et des carnets. A 37 ans, il a déjà traversé la Mongolie, la Chine, le Vietnam, le Maroc, l’Egypte, la Tanzanie, etc. etc., réalisé au moins une cinquantaine d’expos inspirées de ses voyages et édité six ouvrages. Car c’est bien ça qui l’intéresse, matérialiser ses impressions : « Je ressens, partage, j’assimile puis retranscris sur toile ou sur papier; je m’adonne au plaisir d’assembler les matériaux, de contraindre le métal, de laisser mes empreintes dans la glaise. »
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Vietnam et Chine
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Etancher
Les voyages sont riches en rencontres, en découvertes, ils bousculent les émotions et les repères. Les tableaux d’Emmanuel Michel sont remplis de tout ça, débordant d’intensité. Il prend ici un détail de vêtement, là le grain d’un revêtement de mur, plus loin une lumière. Il collecte tout : étiquettes de bouteilles, toiles, papiers. Dans ses tableaux se mêlent toutes ces informations pour le rendre étrangement vivant. « Tout ce travail d’imprégnation sur le terrain me permet une fois dans l’atelier de distiller ces images, de les explorer à nouveau avec du recul jusqu’à la sécheresse, jusqu’au tarissement de l’exaltation. »
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Rêveur d’un autre temps
Comme bercé de récits d’aventuriers et d’histoire, l’artiste nous donne à voir sur les autres cultures. A l’époque des grands explorateurs, on attendait des peintres qu’ils rapportent les premières images des nouvelles terres découvertes. Comme eux, il part avec « quelques carnets vierges, une poignée de crayons, aquarelles, colle, kraft, quelques tubes d’acrylique, quelques pinceaux« . Atypique, l’artiste a une formation de restaurateur de tableaux. Romantique, il y a du Gauguin dans cet homme là, une même passion pour l’Exotisme, la Nature et une influence de l’Art Brut.
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Tanzanie
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Habité
On est immédiatement surpris par l’incroyable esthétisme de chaque pièce d’Emmanuel. Les personnages apparaissent souvent décentrés, comme sur des images de photo journalisme. Rien n’est statique, rien est plat, tout est mouvement et relief. On dirait pouvoir toucher le sable sur cette toile de bédouin devant son désert. La peinture dégouline sur ce Vietnamien, on se sentirait presque sous la pluie avec lui. Du mouvement dans le pinceau et des kilo de tubes de matière, des retouches, des collages, Emmanuel est loin du peintre assis devant son chevalet. Ses statues à hauteur d’hommes sont massives, faites de terre et de bronze. Le métal épais a été choqué jusqu’à lui faire prendre les plis d’un tissus. A voir ses oeuvres, on imagine l’artiste exubérant, haut en couleur, mégalo, imposant, typé, un rien caricatural. Emmanuel est doux, presque effacé. Affable, discret et d’une simplicité déconcertante, rien ne laisse penser qu’il a parcouru une bonne partie du globe, si ce n’est un bracelet de corne qu’il porte au poigné. Comment l’imaginer tapant le métal ? D’ou tire-t-il cette force, cette énergie ? « Les replis d’un visage imposent aussi de s’impliquer, ils sont porteurs d’un type de vie, d’un état d’âme, d’une culture, d’une histoire, d’un moment de vie…[…]Dans l’atelier se raniment ces éphémères rencontres; longtemps après mon retour l’esprit erre sous ces autres latitudes, le cœur et les mains à l’ouvrage, gorgé d’images qui nourrissent mon appétit de peindre et de sculpter. » Une chose est sûre, s’il est habité, c’est par le talent.
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Maroc
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LE SITE D’EMMANUEL MICHEL
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L’artiste expose ses oeuvres sur la Mongolie à Lyon jusqu’au 6 octobre.
Le magazine Globe-Trotters lui a consacré un portfolio dans son numéro de Septembre-Octobre, actuellement en kiosques.