« Le voyage est une suite de disparitions irréparables » – Paul Nizan
Le monde est devenu un village. Grâce aux compagnies low cost, aux informations sur internet, aux réseaux de voyageurs, partir loin l’a plus rien ni d’une aventure ni d’un luxe inaccessible. Le Voyage est devenu une sorte de consommation. On consomme du dépaysement, on fait le plein de photos, de visites, d’artisanat traditionnel, on profite et on stocke de quoi se replonger dans le rêve un peu plus tard.
Les voyages sont souvent propices à des rencontres intenses mais courtes. Avoir un vrai coup de foudre pour une personnalité n’est pas rare. On passera une bonne soirée autour d’une bière et peut-être quelques jours ensembles. Relation éphémère puisque chacun n’est que de passage. Sans savoir l’expliquer, ces petits bonheurs éclair m’ont toujours remplie de tristesse. Monter dans un bus, rendre une clé d’hôtel, échanger ses mails en sachant qu’on écrira sûrement pas, classer ses photos en pensant déjà au prochain voyage. Prendre et s’en aller a quelque chose de douloureux.
Une amie d’enfance m’avait fait découvrir la Corée il y a 5 ans : premier vol long courrier, premiers pas en Asie, premier grand voyage. Avec du recul, je me suis aperçue que cet épisode avait largement influencé mes goûts et mes choix d’aujourd’hui. Quelques destinations et quelques années plus tard, l’envie de retourner en Corée du Sud s’est faite sentir. Je voulais écrire une suite aux rencontres que j’y avais faites, confronter mes souvenirs à une réalité en évolution, retrouver des odeurs et prendre le risque d’être déçue.
Tony Leung ? …non, le frère d’En-Jung – photo : sébastien rambour
J’ai retrouvé en Corée tout ce que j’y avais aimé : une certaine élégance, une profonde culture du respect et un grand dynamisme économique. J’ai apposé un épilogue aux rencontres d’il y a 5 ans et déromantisé les lieux où j’étais passée. Je suis allée un peu plus loin dans la connaissance de l’histoire de ce pays, de ses traditions, de sa langue, pour y tisser des liens un peu plus forts et y enfoncer quelques racines. Et pour une fois, je ne me suis pas sentie « de passage ».