Remarqué au festival des Globe-Trotters, ce film passé en toute confidentialité un dimanche matin à 11h : Yamana, retour en Patagonie de Fabrice Marquat.
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photo Christophe Marcoux – Fabrice Marquat et sa moto, Paloma, au détroit de Magellan
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Les 80 minutes semblent trop courtes pour ce documentaire dense, réfléchi, sur le Voyage, les voyageurs et le mythe patagon.
Au départ du film : un retour de l’auteur, 10 ans après en Patagonie. C’est une première piste : le besoin de revenir, confronter ses souvenirs de paradis à la réalité d’un lieu, se confronter au temps qui a passé, prendre le risque d’être déçu.
Est-ce que les départs nous animent plus que la destination ? Qu’attend-t-on des terres promises ? Ou est in fine la frontière entre voyageur et vagabond ? Ou est le point de non-retour ? Qu’est-ce qui en fait rester certains et qu’est-ce qui lui, l’a fait revenir, encore cette fois-ci.
Fabrice Marquat parle ici du risque, de la peur, de la liberté, des notions aussi extrêmes que personnelles. Il évoque la perte des repères. Là où le temps et l’espace n’ont plus de limite commence l’errance, physique, psychologique, toute proche. Depardon l’associait comme postulat au départ de son ouvrage « Errance ».
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photo Sébastien Rambour – Calafate
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Il s’interroge sur ce qu’est être voyageur aujourd’hui dans un monde sur-informé, sur-communiquant, sur-programmé. Il démystifie les explorateurs modernes, ceux qui viennent chercher l’exotisme et une sorte de simplicité perdue. Il pose la question de la responsabilité du voyageur qui vient filmer en HD les habitants du bout du monde.
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Quel endroit mieux que la Patagonie pouvait abriter ces questions ? Terre d’accueil des exilés blessés, des hors la loi, terre d’accueil de tous les rêves, de tous les possibles et de toutes les désillusions, terre d’Histoire et de légendes, enfin terre des solitudes infinies.
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photo Sébastien Rambour – gauchos
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Les images sont belles et pas seulement grâce aux immenses ciels de Patagonie. Fabrice Marquat sait trouver la poésie d’un reflet, la lumière d’un feu, le détail d’une proue rouillée, la force d’une gueule. Il transmets avec tendresse l’onirisme des gestes simples dans le quotidien des personnes rencontrées.
Il prend le temps de filmer les détails, les déplacements, laissent se perdre ses protagonistes dans un plan fixe, nous laissant seuls avec leurs mots en fond sonore, comme un souvenir. L’esthétique cinématographique finit par embarquer le spectateur.
La BO entêtante des guitares torturées de Marc Sens ne sont pas sans rappeler celles de Neil Young dans Dead Man de Jim Jarmusch, un autre road movie enivrant.
Yamana est emprunté à la langue Yaghan et est un clin d’œil à Bruce Chatwin. La boucle est bouclée.
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Plus d’infos : http://www.yamana-patagonia.blogspot.com/
Rêver debout 